17.5.06

va gwreg, ur Vreizhadez o teskiñ brezhoneg / ma bretonne apprend le breton !

voilà, depuis qu'elle a mis le nez dans le kig ha fars, rien ne l'arrête...

Bretonne.

Je suis bretonne.
Je suis bretonne non pas parce que je suis née en Bretagne. Non. Je suis bretonne parce que la Bretagne est mon berceau. Le berceau de ma famille. Le berceau de ce qui fait ma civilisation. C’est mon état civique. Qui a dit que je ne suis pas une bretonne ?

Je suis bretonne mais je ne parle pas breton, la langue de mes ancêtres. J’apprends. Je m’en excuse auprès de tous ceux que je côtoie parfois et qui ont la capacité de parler le breton couramment, sans consulter le dictionnaire et sans chercher leurs mots. Au fait… pourquoi devrais-je m’excuser en y réfléchissant bien ?
Je ne parle pas la langue de mes ancêtres. A qui la faute ? Je parle la langue qui m’a été transmise. Moi qui suis née trop tard, en 1972, je n’ai pas eu l’opportunité ni la chance de parler la langue de mes aïeuls. Un fil s’est cassé. Une cassure s’est créée.

J’avais tout juste 7 ans et je réalisais que quelque chose de grave s’était passé. Une histoire terrifiante que me contait ma grand-mère : « Je suis allée à l’école. Je ne parlais pas le français mais on m’a obligée à ne parler que le français. » J’ai d’abord cru que ma grand-mère était une étrangère. Je l’interrogeais alors sur son pays d’origine, rêvant à de lointaines contrées aux paysages et parfums exotiques. Elle a ri. Mais non, elle habitait bel et bien la terre de ses ancêtres mais, selon ses paroles : « Dans les « hautes sphères », ils ont décrété que le breton était interdit. » En disant : « hautes sphères », elle pointait son doigt en l’air, et j’ai d’abord cru que c’est de Dieu qu’elle parlait. Elle parlait tellement de Dieu. Je me suis dit alors : « Bizarre…comment un être aussi bon et intelligent peut se montrer aussi con dans cette histoire ? » J’ai su plus tard que ce n’était pas Dieu qui avait le pouvoir dans ces hautes sphères là.

Je ne sais pas le breton. Le breton avait été interdit. J’ai pourtant voulu savoir, du haut de mes 7 ans -c’est l’âge que j’avais quand j’ai posé mes premières questions sur cette langue inconnue. Je m’interrogeais : pourquoi tant de honte cachée (qui ne trompe personne) ? Pourquoi tant de secrets ? Puis mes grands-parents ont parlé et j’ai su.

Oui, j’ai voulu connaître et apprendre ce que tous ces sons étrangers et « exotiques » voulaient dire. Pourquoi cette langue m’apparaissait-elle comme exotique ? C’était la langue des vacances, celles que je passais tout près de Guingamp, dans le village de mes grands-parents. Eux qui parlaient le breton entre eux et aussi entre voisins, entre frères et sœurs, entre cousins. Je n’étais qu’une enfant.
Je ne parle pas leur langue. Certainement parce qu’à l’école, mes grands-parents n’ont plus eu le droit de parler la langue que leurs parents, leurs grands-parents, et tous leurs ancêtres avaient toujours parlé. Parler un seul mot breton à l’école était un délit. Interdit, sous peine de porter ce sabot ridicule au cou -et pour s’en débarrasser, il fallait dénoncer une copine, un voisin ou un cousin. Sous peine de subir ça et d’autres choses humiliantes. Alors ils la parlaient en secret, dans leur foyer. Alors que certains continuaient à parler breton, d’autres ont préféré ne pas l’apprendre à leurs enfants.
Je ne parle pas la langue de mes grands-parents. Eux qui n’ont pas su me l’apprendre –enseigner est un métier fort difficile. Ils n’ont pas eu l’audace de me l’apprendre. Je parle bien d’audace car enfin, il faut avoir un certain courage pour continuer à parler dans tous les lieux publics, haut et fort, sans baisser la voix ni courber la tête, une langue salie, refusée et maudite par… par qui d’ailleurs ? Qui sont ces hommes-là ? Qui sont-ils, ceux qui se sont sentis au-dessus des lois humaines, au-dessus de tout respect envers l’homme et sa culture, son milieu et son art, qui sont ces hommes-là qui ont décrété avec force et violence qu’il fallait tuer la langue bretonne ?
Qu’avaient-ils fait des premiers articles de la Déclaration des Droits de l’Homme ?

Extrait de la déclaration des droits de l’homme. Article 11 - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.

Le travail de sabotage et d’humiliation a tellement bien été exécuté que bon nombre de bretons ont cru que c’était vrai. Que leur langue était celle des ploucs. Qu’elle appartenait à un autre siècle. Quel sabotage réussi !
Et maintenant, moi, la petite-fille de bretons qui ont été humiliés et qui parlaient secrètement leur langue, moi la bretonne qui veut parler sa langue, je devrais me défendre de certaines attaques ? Les attaques viennent de tous côtés : de ceux qui disent qu’apprendre le breton est inutile, mais aussi de ceux qui ne parlent que le breton et qui méprisent les bretons non-bretonnants. J’ai eu affaire à quelques personnes de ce genre. Dieu merci, ils sont peu nombreux.
Il faudrait maintenant que je me défende parce que je ne sais pas bien parler breton ?
A qui la faute ?

Je ne parle pas encore le breton. J’apprends.
Je suis bretonne quand même !


Katia

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Katia,

j'ai justement lu ton artivle sur la langue bretonne...et il m'a touché!

Je suis la fille d'un français (ewn fait, d'un breton!) et d'une allemande. Ma langue maternelle, c'est l'allemand et j'ai commencé à apprendre la kangue de mon père quand j'étais toute petite. Lui, il ne sait même pas parler le breton, mais c'est évidemment la langue maternelle de mes grand-parents. Et ma mamy m'a jsutement raconté comment elle avait été puni à l'école quand elle parlait le breton... et ça me rend triste...et furieux...pourquoi vouloir tuer une langue? Maintenant, elle habite le Midi et n'a qu'une amie avec laquelle elle paut parler le breton.

Et moi, je regrette que je ne sais pas parler cettelangue si précieux, si belle. A mes amis allemands, il faut - de temps en temps - même expliquer que le breton est une langue et ne pas un dialecte quelconque.

Mais même si je ne sais pas parler le breton, j'ai du sang breton... :-)

Est-ce que tu connais la chanson "La découverte" de Tri Yann? C'est ce que je ressens pensant à la Bretagne et mes souches bretonnes!

Amicalement,

Mélanie

ar blogosser a dit…

j'ai transmis ce message sympathique à ma femme et elle te répondra sans doute ici

Anonyme a dit…

Oh...merci. Et je m'excuse pour les fautes de frappe...Mélanie

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
final izle a dit…

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